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Profondément ancré dans la mémoire collective du pays, l’art égyptien du bâton est quasiment inconnu hors d’Égypte. Cette pratique que l’on nomme TAHTIB est traditionnelle en Égypte, particulièrement dans les villages de Haute et Moyenne Égypte où il est de toutes les fêtes. Son nom complet est fann el-nazaha oua l-tahtib, littéralement « l’art de l’accomplissement et du bâton ». Le terme nazaha a un champ sémantique assez large, il implique la droiture, l’intégrité, l’incorruptibilité, la souplesse, la subtilité, la compréhension, l’ouverture, l’esprit chevaleresque. En fin de compte, il qualifie l’homme accompli.

Le TAHTIB est un événement collectif. Le public, les musiciens et les jouteurs se placent en cercle. Les duels de moins d’une minute s’exécutent à tour de rôle. Les jouteurs armés d’un bâton de rotin d’un mètre trente de long se saluent et se toisent avant de s’exprimer au cours d’un bref assaut.

Les musiciens orchestrent les différentes phases de la session. Ils jouent d’instruments traditionnels, diverses percussions (derbouka, doholla, douf, bendir, ‘alba, sagat) mais aussi instruments à vent (mizmar) et à cordes (rababa). Ils posent le rythme en dialoguant avec les jouteurs. Les sons aigus tirent les combattants vers le haut et les sons graves vers le sol. Le public a un double rôle. Il soutient les jouteurs et garantit le bon esprit de l’événement.

Un art traditionnel égyptien

Des origines pharaoniques... et arabes...

Le TAHTIB pourrait résulter d’une longue évolution dont les racines remontent au moins à l'Ancien Empire pharaonique il y a 4500 ans.

Sur le site d'Abousir en effet, juste au sud des pyramides de Giza, des bas-reliefs du complexe funéraire de la pyramide de Sahourê (vers 2450 av JC) offrent des représentations d'entraînement de l'armée du pharaon, notamment au bâton. Ces images représentent des tenues de bâton et des postures corporelles absolument identiques à celles que l'on retrouve dans les joutes de TAHTIB contemporaines en Égypte.

On retrouve ces mêmes images sur les peintures murales des sépultures princières de Beni Hassan (Moyen Empire, quelques 500 années plus tard), à quelques kilomètres au nord de Mallawy sur la rive droite du Nil.

Néanmoins, et même si ces similarités suffisent à certains, jusqu'à l'éventuelle production d'autres sources plus récentes, datant notamment des périodes romaines et chrétiennes de l’Égypte, rien n'atteste formellement d'une filiation directe du TAHTIB contemporain avec les pratiques pharaoniques.

Une autre hypothèse – d'ailleurs non exclusive de la première – relierait le TAHTIB à des origines arabes. Les régions égyptiennes où le TAHTIB est intensément pratiqué sont des régions dont les populations se revendiquent d'une ascendance bédouine ou arabe, par opposition à une ascendance égyptienne ou nilotique. Et nombre de ses praticiens revendiquent une origine arabe au TAHTIB.

Dans certains endroits près de Louxor notamment, parallèlement au TAHTIB se pratiquent aussi des joutes équestres au bâton, celles-là très évidemment issues des traditions bédouines de la chevalerie arabe. Une sorte de TAHTIB à cheval donc.

L'ART DU TAHTIB

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